Silence...
Je m'excuse d'avance pour ce post très très noir... Mais c'est Noël qui veut çà
Il s'appelait Michel, avait 6 mois de plus que moi, c'était mon cousin.
Nous avions grandi chacun de notre coté, 2 écoles différentes, 2 lycées différents. Partageant quelques moments d'enfance, les cours de musique, les repas de Fêtes, les dimanches où il venait chez ses tantes, là où je vivais.
Il était timide, effacé, réservé. J'étais très timide, mais plus vivante.
A l'âge adulte, nous ne nous voyions plus que pour Noël, au cours de ces repas qui n'en finissaient pas.
Je m'étais mariée, lui aussi. Sa femme était aussi effacée que lui. Ils étaient transparents, on ne se rendait pas compte de leur présence.
Passionné de mécanique, il bossait près des avions, à la base militaire.
Je suis bien incapable de dire quel était son métier, nous nous parlions peu.
Sa femme le quitta, emmenant leur fils. Il y avait un autre homme.
Il ne s'en remit pas. Il aurait été vain de la retenir. Quand l'amour est mort, faire semblant toute sa vie est impossible
Son fils lui manquait. Au début, il avait tu sa douleur, refusant de dire à ses proches qu'il ne vivait plus avec elle. Seuls ses parents savaient.
La douleur, elle, grandissait, l'aveuglait, le murait.
C'était un Noël comme un autre... J'avais quitté la région, 1200km nous séparaient.
Je ne savais plus rien de sa vie.
Il a décidé ce jour là d'acheter un énorme cadeau pour son fils. L'a mis devant la porte de la maison, avec un mot écrit sur la porte.
A l'intérieur, il s'est donné la mort, au fusil.
C'était avant Noël, seulement 2 ou 3 jours avant...
Je ne sais plus la date. J'ai une mémoire exceptionnelle, mais cet épisode là, je l'ai caché au fond, tout au fond, dans la noirceur du désespoir.
Je ne sais plus qui m'a téléphoné pour m'annoncer la nouvelle, ni où j'étais, ni comment j'ai réagis.
Je me souviens seulement d'après... J'errais dans le jardin glacé, les yeux vides, quand je l'ai annoncé à mon mari qui rentrait.
Ce jour là j'ai vieilli de 1000ans.
Je me suis dit: et si ,et si... Si j'étais restée plus proche, si nous nous étions parlés, aurais pu l'aider? Non, il était déjà mort bien avant de se suicider.
J'ai vieilli de 1000ans. Je ne me souviens plus de la date, juste de la douleur.
Sa famille, ses proches l'ont accusé d'être égoïste, dingue, lache.
Quand on a un enfant on ne fait pas çà!
Quand on souffre, il arrive parfois qu'une seconde, une simple seconde, fasse tout basculer.
Malgré l'enfant, malgré le "le jour vient toujours après la nuit", malgré le "le temps finit toujours par guérir les blessures", malgré tous ces mots qui calment une seconde, mais laissent à vif, impuissant, face à celle qui suit.
Je l'ai compris, et je le leur ai dit.
Depuis, Noël n'est plus vraiment Noël
Et cette année, c'est moi qui m'accroche au vide...
C'est très dur, j'espère y arriver
Vous m'aidez
Pardon pour ces mots