mers,amers...

      Amusant,ce mot "amer"... Pour le marin c'est un repère,un signe que la terre et son abri est proche. Un objet fixe placé sur la côte,visible de la mer,servant de balise . Quand on pense à l'autre sens du mot "amer",on est bien loin de la notion de réconfort que peut apporter la vue d'un amer.

      C'est par la mer que m'est venu l'amour de mon pays,c'est elle que j'ai vu il y a 13 ans,la première fois où j'ai débarqué dans cette région. La mer qui fascine le touriste,qui l'empeche de dormir pendant sa première semaine bretonne,l'air fou qu'il respire l'épuisant et l'excitant en même temps. La mer,que le touriste veut déchainée quand il la regarde,chaude quand il s'y baigne,et calme quand il est dessus...

       C'est bien sur,l'hiver que je la préfère,quand les plages sont vides,quand je m'y ballade face au vent,regardant les galets,y devinant des formes,m'inventant des histoires,ramassant quelques bois flottés,un squelette d'oursin,explorant tout ce qu'elle a ramené dans sa dernière vague,traces de vie là bas,sur les bateaux lointains.

       Face au vent,parlons en. En fouillant dans des anciens albums je suis tombée sur une photo qui m'a laissée sans voix,il faut croire que ce nom s'était caché dans mon esprit pendant des années,pour ne ressortir que ce 28 Fevrier,date où  j'ai commencé ce blogDouarnenez,mon port,celui où nous rodons bien souvent au milieu des bateaux de travail,revant parfois en regardant le nom des ports qui s'y affichent. Port aux Français,les Kerguelen,un endroit qui ne fait rever que moi.

      Ces bateaux je les aime,je les vois lentement se restaurer,ou bien,souvent,lentement retourner à la vase.Douarnenez,mon port. Ancienne capitale de la sardine,ville usine géante,lieu de tant de luttes ouvrières,que reste t'il de ton passé maintenant? Pas grand chose,un musée,des souvenirs,une atmosphère étrange. Lieu déprimant pour certains,mais tellement vivant,loin du superficiel des ports artificiels.

Photos scannées, argentiques de 1992
Depuis, le port Musée a bien changé, et les bateaux sont moins nombreux. No comment...

Les bateaux font rever, l'eau qui danse tout autour et ses reflets changeants me racontent des histoires que je suis seule à entrevoir, elles sont différentes pour chaque personne qui prend le temps de se pencher sur le bord, et de laisser vagabonder son esprit. Les bateaux meurent aussi, c'est devenu une habitude. D'un coup de pelle hydraulique, il n'en reste plus rien, que des morceaux de bois ramassés à la hate, faire place neuve, rayer des années de vie en un instant. Plus de place dans les vasières? Rentabilité, et société en déroute plutôt, les bateaux n'ont meme plus le droit de s'endormir doucement, de retourner à la mer, seul lieu où ils veulent reposer.

Photos suivantes:

Camaret sur Mer, 1992, scan d'argentique.

Epave de "la belle Etoile", langoustier de Camaret. Depuis, elle a été priée d'aller mourir plus loin, elle faisait désordre..

Photo suivante:

Epave au  nom dont je ne me souviens plus, échouée sur la plage du Fret, presque ile de Crozon, priée aussi d'aller se décomposer ailleurs..
Rage...

Rien de triste dans ces photos, au contraire. C'est ainsi qu'ils sont heureux. Comment je le sais? Ironie, je le sens, bien sur ils ne peuvent pas nous le dire. Mais nous allons les voir,de temps en temps, les anciens racontent aux enfants leur histoire, ils continuent à vivre dans ces mots qui s'envolent.

Comments

[Willow-ISA]

de ma renvoyer en Bretagne. Nous l'avons sillonné en camion durant 17 jours au mois d'Août - Que du bonheur ! il y a quelque chose de magique dans cette région, j'ai l'impression d'y avoir des racines, bien qu'étant du Sud-Est (peut-être pour ça que mon fils s'appelle Cédric). Douarnenez a été notre dernière étape - Superbe musée du bâteau, boite à Sardine et minuscule "snack" à proximité des bateaux où l'on a discuté et rigolé agréablement avec les bretons. Ces bateaux sont impressionnants, et plus encore quand on imagine, quand on voit les conditions de vie de travail de ceux qui y étaient dessus. Vraiment impressionnant

[Endorfinn]

Lointain

Tant de solitude...
Le lointain, la mer, les bateaux... aileurs.
Le lointain, le passé, il y a 9 ans, il y a treize ans... autrefois.
Le lointain, le futur, avril probable, mai certain... demain.
Le lointain, Antigone... Une autre.

Et aujourd'hui... Maintenant ? Ici ?

Pardon.